Refonte du système de santé  —  des gains rapides en transport et logistique

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La crise de la COVID a révélé au grand jour la résilience et le dévouement des équipes médicales et du personnel administratif. Au gré des vagues, de nouvelles consignes ont forcé le réseau de la santé à se réinventer. Des façons de faire inédites ont été mises en place, souvent très rapidement, pour arriver à colmater les brèches.

Pendant un incendie, les pompiers ne cherchent pas à optimiser le débit d’eau, mais à éteindre le feu. La quantité de ressources mises à contribution en temps de crise n’est pas soutenable à long terme. Pour continuer d’améliorer le réseau en maîtrisant les coûts et en prenant soin des personnes, une démarche d’optimisation doit être entreprise.

Le chantier est vaste car le réseau de la santé est une organisation colossale. Prenons un moment pour explorer les enjeux en transport et logistique ainsi que des solutions de mobilité concrètes et accessibles immédiatement.

Les grands enjeux de la mobilité des personnes au Québec

Les enjeux de mobilité sont comparables dans toutes les économies développées et le Québec n’y fait pas exception.

  • Le prix du carburant. La fluctuation des prix de l’énergie ne constitue pas en soi une nouveauté, mais cette fois-ci, elle s’ajoute à une forte hausse de l’inflation, de grandes incertitudes liées à la situation géopolitique et une pandémie qui s’éternise.

  • Le vieillissement de la population. Avec une population âgée plus nombreuse et moins mobile, on observe une hausse constante des besoins en transport médical, dans les centres d’hébergement ou en transport adapté.

  • La rareté de la main-d’œuvre. La nouvelle réglementation sur le transport rémunéré de personnes, l’abolition du permis de taxi et la pandémie ont tous contribué à un exode massif des chauffeurs de métier. Aujourd’hui, l’industrie du transport est confrontée à un manque criant de chauffeurs. Ce manque se reflétera nécessairement dans un affaiblissement des services offerts par les grands donneurs d’ordres comme le secteur de la santé, ainsi que le transport médical et adapté. D’un côté, les exigences envers les chauffeurs sont de plus en plus élevées, et de l’autre, le nombre de chauffeurs diminue, ce qui pousse les prix des contrats à la hausse.

  • La fragilité des chaînes logistiques. Durant la pandémie, les gouvernements de nombreux pays ont imposé des confinements et restrictions si contraignantes que les chaînes logistiques et d’approvisionnement ont été fortement perturbées. Cette situation a révélé la précarité des modes opératoires dans le transport de personnes également. Des efforts urgents doivent être déployés pour optimiser l’organisation des routes, la planification des déplacements et la coordination des transports. Ceci étant, les donneurs d’ordres doivent en faire plus et mieux, avec moins.

  • La réglementation contraignante. Puisque les prix payés par les clients sont souvent réglementés (par le taximètre ou des ententes corporatives), le manque à gagner doit être absorbé par le donneur d’ordres ou le transporteur, qui se fragilise peu à peu.

Le contexte est pour le moins délicat : d’un côté, la demande et les coûts explosent et la main d’œuvre diminue, de l’autre, les tarifs sont figés et les normes de services sont très exigeantes.

Comment maîtriser la hausse des coûts en transport

Optimisation et mutualisation

Les coûts de transport proviennent essentiellement des honoraires des chauffeurs, du carburant et des frais d’exploitation du véhicule. C’est pourquoi il y a autant de “buzz” autour des véhicules électriques et autonomes. En attendant que ces technologies viennent à notre rescousse, pour optimiser ces coûts, il faut insérer plus de transports par heure ou davantage de personnes par transport : autrement dit, faire plus avec moins.

  • Optimisation — Plus de transports par heure

  • Mutualisation — Plus de clients par transport

Des logiciels d’optimisation de routes existent — et sont performants pour les modes de transport collectifs habituels comme les autobus — mais ils sont souvent trop chers et inadaptés pour les compagnies de taxi ou de transport adapté qui, par la nature de leurs activités, requièrent beaucoup plus de flexibilité. Par conséquent, les donneurs d’ordres, comme le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS), doivent assumer le coût plus élevé de ce manque d’efficacité. Le statu quo conduit à une hausse rapide des coûts et à une baisse de la qualité du service.

Nous sommes collectivement confrontés à une nouvelle réalité : l’offre de service en transport est près du point de rupture.

Pour des adultes bien portants, des choix alternatifs peuvent exister : par exemple, le télétravail et le vélo se sont révélés durant la pandémie et sont évidemment là pour rester.

Mais pour une partie importante de la population, ces options ne sont pas applicables : les étudiants, les travailleurs essentiels de la santé, les travailleurs du secteur manufacturier, ceux dont les emplois ne leur permettent pas d’acheter un véhicule ou encore ceux dont la mobilité est réduite.

La mobilité d’une foule de gens dépend de services externes et repose sur des fournisseurs et chauffeurs au point de rupture.

Qu’est-ce qui peut se passer?

  1. Repenser le service. Il faut faire plus avec moins, déplacer les mêmes personnes avec moins de chauffeurs, moins d’autobus, moins de taxis adaptés. Les coûts en transport sont presque incompressibles. S’il est possible de décaler un peu les horaires ou de modifier des parcours, c’est du côté des optimisations que les gains sont les plus prometteurs.

  2. Augmenter les prix. Les autorités peuvent bonifier les montants accordés aux transporteurs pour payer de meilleurs salaires, couvrir le prix du carburant et les dépenses afférentes. Mais augmenter le billet de transport pour les personnes les plus vulnérables n'est pas envisageable. Cette option revient donc à plus de subvention par trajet.

  3. Changer de mode. Au-delà d’un certain point, les choix de déplacement pourraient changer : envoyer son enfant à une école plus près ou organiser du covoiturage avec d’autres parents. Acheter un vélo à assistance électrique pour gagner en autonomie.

  4. Accélérer l'innovation. La pandémie a rendu possible, puis fortement accéléré, l’adoption de solutions moquées, voire interdites il y a quelques années. Le vélo électrique et le télétravail sont passés de solutions marginales à incontournables en quelques mois. La conduite autonome pourrait résoudre des enjeux de pénurie de chauffeurs, comme les véhicules électriques sont moins soumis aux aléas des prix de l’énergie. L’augmentation des flottes et transports partagés entre particuliers (autopartage et covoiturage) vient combler l’offre de transport dans les régions moins densément peuplées.

  5. Assouplir les règles. Certaines solutions ne sont pas disponibles pour des raisons réglementaires, légales ou fiscales. L’État peut ponctuellement injecter des fonds, mais ne peut pas créer des personnes. Il est facile et rapide de créer une enveloppe pour soutenir un secteur, mais beaucoup plus long et compliqué de changer des lois. Si la situation perdure ou empire, on peut envisager des modifications réglementaires en 2023.

Comment se préparer ?

Ceux qui assument financièrement les coûts de transport de personnes doivent réfléchir à ce qui se dessine à l’horizon :

  1. hausse de la demande en transport adapté;

  2. impossibilité de maintenir l’offre d'avant en transport collectif;

  3. hausse des coûts de transport;

  4. baisse du nombre de chauffeurs.

Pour le secteur de la santé et des services sociaux

La planification et l’optimisation sont clés.

  • Centraliser l’ensemble des demandes de trajets pour optimiser les routes. Il est ainsi possible de faire le même nombre de trajets avec moins de véhicules et de chauffeurs;

  • Coordonner les trajets avec les rendez-vous médicaux, les entrées et sorties d’hôpital. Il est moins coûteux d’investir en logiciel qu’en coût de transport.

Pour le secteur de l’éducation

Repenser les déplacements de transport scolaire :

  • transport actif autant que possible;

  • allonger légèrement les distances prescrites pour les piétons pour réduire le transport scolaire nécessaire;

  • mobiliser les parents pour des programmes de covoiturage, surtout dans les secteurs moins denses, plus éloignés.

Peut-être que dans quelques années la pandémie, l’inflation, la pénurie de main-d'œuvre et la crise en Ukraine seront un lointain souvenir. Nous pensons que certains des enjeux de mobilité actuels étaient prévisibles depuis des années et que, comme pour les enjeux climatiques, les gestionnaires qui sauront faire preuve de clairvoyance seront les mieux équipés et les plus résilients. Faites-vous partie de ces gestionnaires ?

Peut-être que dans quelques années la pandémie, l’inflation, la pénurie de main-d'œuvre et la crise en Ukraine seront un lointain souvenir. Nous pensons que certains des enjeux de mobilité actuels étaient prévisibles depuis des années et que, comme pour les enjeux climatiques, les gestionnaires qui sauront faire preuve de clairvoyance seront les mieux équipés et les plus résilients. Faites-vous partie de ces gestionnaires ?

Pour aller plus loin

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