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La pénurie de main-d’œuvre et ses impacts sur la mobilité

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Vers des ruptures de service ?

La pénurie de main-d'œuvre et l'augmentation des prix de l’essence touchent tout le monde et le secteur du transport n’y échappe pas. Quels seront les impacts sur vous et votre organisation ? Êtes-vous prêts ?

La rentrée scolaire est à nos portes et, pourtant, certains services d’autobus scolaires ne sont toujours pas disponibles faute de chauffeurs. Même chose pour les transports en commun, qui ont du mal à recruter ou retenir des chauffeurs, malgré des conditions de travail avantageuses.

Le secteur de la santé n’y échappe pas non plus : tant pour le transport par taxi que pour le transport adapté, la demande augmente, mais l’offre baisse rapidement. Il est devenu difficile de joindre les deux bouts quand le prix de l’essence augmente aussi brutalement, mais que les contrats sont octroyés au plus bas soumissionnaire conforme.

Nous sommes collectivement confrontés à une nouvelle réalité : l’offre de service en transport est près du point de rupture.

Nous sommes collectivement confrontés à une nouvelle réalité : l’offre de service en transport est près du point de rupture.

Pour des adultes bien portants, des choix alternatifs peuvent exister : par exemple, le télétravail et le vélo se sont révélés durant la pandémie et sont évidemment là pour rester.

Mais pour une partie importante de la population, ces options ne sont pas applicables : les étudiants, les travailleurs essentiels de la santé, les travailleurs du secteur manufacturier, ceux dont les emplois ne leur permettent pas d’acheter un véhicule ou encore ceux dont la mobilité est réduite.

La mobilité d’une foule de gens dépend de services externes et repose sur des fournisseurs et chauffeurs au point de rupture.

Qu’est-ce qui peut se passer?

  1. Repenser le service. Il faut faire plus avec moins, déplacer les mêmes personnes avec moins de chauffeurs, moins d’autobus, moins de taxis adaptés. Les coûts en transport sont presque incompressibles. S’il est possible de décaler un peu les horaires ou de modifier des parcours, c’est du côté des optimisations que les gains sont les plus prometteurs.

  2. Augmenter les prix. Les autorités peuvent bonifier les montants accordés aux transporteurs pour payer de meilleurs salaires, couvrir le prix du carburant et les dépenses afférentes. Mais augmenter le billet de transport pour les personnes les plus vulnérables n'est pas envisageable. Cette option revient donc à plus de subvention par trajet.

  3. Changer de mode. Au-delà d’un certain point, les choix de déplacement pourraient changer : envoyer son enfant à une école plus près ou organiser du covoiturage avec d’autres parents. Acheter un vélo à assistance électrique pour gagner en autonomie.

  4. Accélérer l'innovation. La pandémie a rendu possible, puis fortement accéléré, l’adoption de solutions moquées, voire interdites il y a quelques années. Le vélo électrique et le télétravail sont passés de solutions marginales à incontournables en quelques mois. La conduite autonome pourrait résoudre des enjeux de pénurie de chauffeurs, comme les véhicules électriques sont moins soumis aux aléas des prix de l’énergie. L’augmentation des flottes et transports partagés entre particuliers (autopartage et covoiturage) vient combler l’offre de transport dans les régions moins densément peuplées.

  5. Assouplir les règles. Certaines solutions ne sont pas disponibles pour des raisons réglementaires, légales ou fiscales. L’État peut ponctuellement injecter des fonds, mais ne peut pas créer des personnes. Il est facile et rapide de créer une enveloppe pour soutenir un secteur, mais beaucoup plus long et compliqué de changer des lois. Si la situation perdure ou empire, on peut envisager des modifications réglementaires en 2023.

Comment se préparer ?

Ceux qui assument financièrement les coûts de transport de personnes doivent réfléchir à ce qui se dessine à l’horizon :

  1. hausse de la demande en transport adapté;

  2. impossibilité du maintien de l’offre en transport collectif;

  3. hausse des coûts de transport;

  4. baisse du nombre de chauffeurs.

Pour le secteur de la santé et des services sociaux

La planification et l’optimisation sont clés.

  • Centraliser l’ensemble des demandes de trajets pour optimiser les routes. Il est ainsi possible de faire le même nombre de trajets avec moins de véhicules et de chauffeurs;

  • Coordonner les trajets avec les rendez-vous médicaux, les entrées et sorties d’hôpital. Il est moins coûteux d’investir en logiciel qu’en coût de transport.

Pour le secteur de l’éducation

Repenser les déplacements de transport scolaire :

  • transport actif autant que possible;

  • allonger légèrement les distances prescrites pour les piétons pour réduire le transport scolaire nécessaire;

  • mobiliser les parents pour des programmes de covoiturage, surtout dans les secteurs moins denses, plus éloignés.

Peut-être que dans quelques années la pandémie, l’inflation, la pénurie de main-d'œuvre et la crise en Ukraine seront un lointain souvenir. Nous pensons que certains des enjeux de mobilité actuels étaient prévisibles depuis des années et que, comme pour les enjeux climatiques, les gestionnaires qui sauront faire preuve de clairvoyance seront les mieux équipés et les plus résilients. Faites-vous partie de ces gestionnaires ?

Pour aller plus loin

Contactez-nous pour discuter des enjeux de mobilité qui touchent votre organisation.